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De retour à Azincourt || RP SOLO || DÉFI MAÎTRE

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Anonymous
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   Sam 4 Aoû - 20:07




Il fait froid.



Il fait nuit aussi. Je me baisse pour regarder mon corps déformé, qui me semble un peu trop grand. Un peu trop différent. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. L'éclat centenaire de la lune luit sur ma peau pâle, tout du moins les quelques morceaux qui paraissent sous cet amas de métal qui me recouvrent de la tête au pied. C'est une des armures du Vieux Château. Comment je le sais ? Aucune idée. J'ai beau tendre mon esprit vers cet endroit je n'arrive pas à le visualiser. Tout ce que je sens c'est ce froid, mordant, de la boue qui me recouvre tout le bas de la jambe, jusqu'aux genoux, et cette difficulté que j'ai à avancer. Partout autour de moi je vois mes camarades, coincés eux aussi, se débattant pour garder pied et espérant réussir, un jour, à atteindre l'autre rive. Je plisse les yeux pour discerner, au delà de la marée humaine dont je suis un membre, ce vers quoi nous allons. Je sais que c'est la guerre. Une bataille à laquelle nous devons participer. Une bataille que nous devons gagner. Vaincre ou mourir. Je ne sais pas qui sont les ennemis, mais je vois déjà les volets de piques qu'ils nous envoient. Des bouts de bois taillés au couteau, qui empalent des guerriers, les uns après les autres. Je vois les corps qui tombent dans la boue, ceux qui y gisent déjà, et je sais qu'à tout moment je peux les rejoindre. Alors pourquoi est-ce que je m'entête à avancer ? Qu'est-ce qu'il y a de si urgent, de si impérieux, pour qu'aller là bas me semble être la seule voie possible ? Je le sais pourtant. J'ai une famille à protéger. Bien évidement que j'ai une famille à protéger, comment ais-je l'oublier ? Mes frères sont au front avec moi, mes sœurs et ma mère sont à la maison. Ce sont elle que je dois sauver. Elles et celle que j'aime. Je n'arrive pas à me rappeler son visage en détail mais je sais qu'elle a des traits fins et des yeux bleus. Ou sont-ils dorés ? Je n'arrive pas à m'en rappeler. Elle est belle en tout cas, elle a grand cœur. Je sais que sa voix est douce sans réussir à m'en rappeler les détails. Je sais beaucoup de choses mais sans savoir comment je les sais. Comme si quelque chose clochait dans le fond, mais impossible de savoir quoi. D'une main ferme je saisis mon épée, gigantesque, à l'intérieur de laquelle rougeoie un liquide couleur ocre. Son dard est long, brillant, fin, à même de pénétrer dans les interstices des armures de ceux faisant face. Mes longs doigts, recouverts de gants en latex blanc, tiennent avec peine mon arme, si grosse et si lourde que je peine à la soulever à bout de bras. Bientôt la boue sous nos pieds disparaît, remplacée par un sol froid et métallique. Je retire mes bottes pour aller plus vite, débarrassé de la boue, mais je me fais sans cesse bousculer par les autres soldats qui m'entourent, chacun cherchant à courir le plus vite possible. Bientôt ce sont des scalpels qui fusent de tous côtés, se plantant dans la tête et dans les torses de ceux qui sont debout. Tel un serpent je me glisse entre les corps, mon armure qui est devenue une combinaison blanche et verte -quand ais-je trouvé le temps de me changer ?- se recouvre peu à peu de sang, mais aucune tâche ne se forme. Je cours à nouveau, presque à ras du sol, mes jambes s'agitent, mes mains tiennent toujours fermement mon épée, ressemblant à une version géante de ces instruments qu'utilisent les humains pour les expériences. Pourtant je n'arrive jamais à atteindre les ennemis. D'ailleurs ma course me semble dure, terriblement dure, je cours, mais j'ai l'affreuse impression d'être lent. Trop lent. Je vais finir par être touché. Je vais finir par être touché. Et plus je pense à cette fatalité qui m'attend et mieux je discerne l'arme qui fonce droit sur moi. Je cours sur le côté pour l'esquiver, mais c'est de plus en plus dur. Le froid qui régnait devient de la chaleur, toujours plus de chaleur, et le monde se met à briller. Je mets mes mains devant mes yeux pour les protéger, je respire de plus en plus vite, mais bientôt j'étouffe. J'ai l'impression de patauger de nouveau dans la boue alors que je suis sur un sol stable. C'est impossible. Je dois courir. Je dois courir. Je. Dois.

Courir. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit quand je me redresse en sursaut, le cœur battant la chamade. Tout cela n'était qu'un rêve. Ou pour être exact, c'était un cauchemar. J'étais un humain. C'était bien ça ce qui me dérangeait, cette petite chose qui me titillait et m'empêchait de tout appréhender correctement. Déjà mes souvenirs s'estompent, à mesure que mon rythme cardiaque ralentit. Mais maintenant que je me suis réveillé en sursaut je dois me dépenser. J'en ai besoin, j'ai toujours ce besoin impérieux de courir. Alors je le fais. Je m'étire, longuement, afin de débloquer mes articulations, puis je prends le chemin de la sortie. Ce n'est déjà plus l'aube, le soleil entre de plein fouet directement dans ma chambre. C'est probablement ça qui m'a aveuglé dans mon cauchemar, au point que je ne puisse plus ouvrir les yeux. La chaleur a aussi dû monter rapidement à partir de là car aussi bien que je me souvienne du froid ambiant il y avait aussi cet étouffement qui m'avait pris face à l'effort que j'essayais tant bien que mal de fournir. Je me mets à courir, droit vers l'inconnu. Je ne sais ni ou je vais, ni ce que je veux faire. Je ferme un instant les yeux, renonce lorsque je manque de me casser la figure, avant de continuer à avancer tout droit. Les rues se rétrécissent toujours un peu plus, si bien que bientôt je me retrouve à sauter de débris en débris. Je finis par reconnaître ce vers quoi je vais : même si j'ai pris une route bien non conventionnelle, je suis arrivé droit au cimetière. Glauque mais terriblement attractif. Je saute sur le muret, que je suis un instant, avant de sauter de l'autre côté. Je m'enfonce, un peu au hasard, entre toutes les pierres tombales. Certaines sont très récentes, d'autres, au contraire, ont l'air d'avoir des centaines d'années. Sous le couvert des arbres bien plus épais on pourrait presque dire qu'il fait bon à vrai dire. Je pense que je pourrais rester là un petit peu, observer l'atmosphère mystique qui se dégage du lieu. C'est très paradoxal. Une pensée me titille un instant : sous ces bouts de pierre gisent de vrais corps. Des personnes comme moi, qui avaient une vie, qui avaient des qui avaient des pensées, des rêves et des espoirs. Là, au sol, je me souviens de toutes les images de ces morts, de ces corps qui s'accumulaient à mes côtés, tombant inlassablement dans la boue. Un frisson me prend, d'abord léger, avant de s'amplifier considérablement. Je me retrouve là, debout entre les tombes, à trembler si fort que j'en claque des dents. Je ne m'étais jamais montré proche ou plein de compassion pour les humains, mais me vint l'idée qu'ils pouvaient peut-être eux aussi avoir des sentiments et voir le monde sous un œil semblable au notre. Et si eux aussi avaient perdu leur famille au combat ? Et si c'était pour éviter de perdre leurs parents, leurs enfants, leurs amis, tous ceux auxquels ils tiennent qu'ils pratiquent ces expériences sur nous ? Qu'ils nous transforment, chacun notre tour, en arme capable de se battre à leur place ? Une pensée me vient, d'abord futile, puis de plus en plus crédible et insistante. Se pourrait-ce que mon humain, lui aussi, soit mort au front ? Il est vrai que jusqu'ici je n'ai jamais envisagé que la mort de mes camarades félins, mais d'après ce que j'ai entendu de la grande guerre, des Hommes aussi se sont battus jusqu'à ne plus se relever. Le temps a passé et j'ai perdu tout espoir de le revoir un jour. Mais je n'ai jamais envisagé que le temps aurait pu tout simplement effacer son existence. Effacer tout ce qu'il fut un jour. À cette pensée ma bouche se remplit de bile. Je l'avale difficilement, ma voue se floutant, et je trébuche sur les tombes en cherchant frénétiquement une sortie. C'en est un peu trop pour moi tout d'un coup. Je tourne, à gauche à droite, encore et encore, je cherche une sortie. Je tombe face à une étrange plante ronde et piquante, j'en avais déjà croisé une comme celle là avant. Détail.

Je commence à couper tout droit. Je finirai bien par retrouver un bord. J'ai l'impression de voir les tombes commencer à bouger, comme si les corps de ceux qui reposent ici allaient sortir de terre pour s'en prendre à moi. Je finis par discerner autre chose qu'un champ de pierres tombales et arbres disparates. Je vois des immeubles. La ville est de l'autre côté. Je cours à nouveau, mais cette fois c'est le combat que je fuis. Si je suis toujours dans mon rêve alors me voilà en train de courir loin de la bataille. Voilà que je tourne le dos à l'affrontement. Comme un lâche. Peut-être que je suis lâche. Ce que les autres appellent le mal m'indiffère tant qu'il ne me touche pas après tout. Et si c'est le cas je fuis. Le plus loin possible. Le plus vite possible. Quand je pose la patte hors de ce cimetière je soupire de soulagement. Ça m'a semblé durer une véritable éternité. Je n'arrive pas à me sortir ces affreuses pensées hors de la tête. J'aimerai retrouver mon insouciance, même superficielle. Tout sauf se torturer soi même. Tandis que je marche entre les immeubles plus ou moins bien conservés je remarque un détail que je n'avais même pas remarqué. Comment ais-je pu passer à côté tout ce temps ? Là bas, gravé dans le bas d'un immeuble de la rue principale, se trouve une simple marque. Rien de bien exceptionnel, si ce n'est que je l'ai déjà vue. Plus précisément, j'ai une idée de qui a pu la faire. Quelqu'un que j'avais cru perdu depuis toujours. Mon cœur s'emballe un peu à cette idée et je repars, rempli de cette idée nouvelle. La retrouver. Si elle est toujours en vie je le saurais. Je repars aussitôt, sans un regard supplémentaire sur ce que je laisse derrière moi : un cercle partagé en six parts égales. Le cœur de ma mère vu par Payne. Elle est toujours vivante.


Dernière édition par Schrödinger le Dim 5 Aoû - 18:26, édité 3 fois

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   Sam 4 Aoû - 20:07


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