Cependant, en bon sang noble, Remington se réserva le choix de dire :

— Non. D'une voix simple, sans une couleur ou une animosité.
Près de la clôture, en spectateur, son homologue observait le combat de ses frères d'armes se battant férocement dans le petit enclos au sol granuleux. Le sable vola de tous les cotés tandis que le Canon Ambulant était là, assis, la queue enroulée autour de ses pattes avants, analysant chaque mouvement, chaque technique. Remington ne pouvant pas exclure l'idée que l'un de ses alliés ne se retourne contre lui et sa famille, il préférait donc prendre de l'avance.

Il ferma un œil et bloqua ses narines lorsqu'une volée de grains de sable attaqua les gradins imaginaires dû aux roulades des combattants. Il tendit son cou de cygne un moment lorsqu'un des militaires usa de son don avant de le remonter, les yeux constamment sur le spectacle.

Néanmoins, celui-ci commençait à être longuet. Les deux adversaires semblaient avoir le même niveau et le duel s'éternisait au grand dam du gris qui n'eut d'autre choix que de reporter son attention sur l'autre agitateur. Un chat mâle, plutôt élancé aux premiers abords, principalement bicolore et aux grands yeux vert tirés par la fatigue. Il scanna son voisin de la rétine puis battit deux fois des paupières pour mieux approcher son museau du sien.

— Collègue, êtes-vous intéressé par une petite séance d'entrainement ? Remington lui laissait le loisir de refuser. Il était difficile de savoir si le chat bleuté le questionnait par réel intérêt ou pour combler l'ennui. En simple indice, les traits du chat longiligne se tendirent en un fin sourire.

Remington acquiesça.

Courtois comme à l'accoutumé, il laissa le chef d'opération prendre les devants et guider la marche. Les soldats en lice durent mettre fin à leur chamaillerie pour laisser place, et l'autre félin amena sa carcasse rachitique vers le centre de l'arène. Le temps qu'il ne prépare une stratégie de pointe, une violente détonation vint cribler le sable à sa droite formant un petit cratère.

La force du tir avait fait vacillé l'Artilleur vers l'arrière. Une salve assez puissante pour tailler le béton. Le Rex sourit intérieurement. Tous les félins ici étaient des militaires surentrainés, ce n'était une petite explosion qui allait le tuer. Du moins, il l'espérait. Oui, ce chat paraissait faible, mais avec le passif de l'armée, une personne censée avait assimilé qu'il ne fallait plus se fier aux apparences.

Il haleta en se pinçant le bout de la langue, l'écran de poussière retomba sur l'arène. Attaqué de bourdonnements, sa vision tangua et ses pupilles se rétractèrent de colère lorsqu'il vit qu'il avait bel et bien manqué sa cible. Le coup était presque à coup portant! Ses traits crispèrent sous la rage sous-jacente, mais dans une grande inspiration, son visage redevint aussitôt impassible. Ne laissant paraitre aucune frustration, le temps que son adversaire ne réalise la situation, son canon était déjà prêt à lancer une seconde dose. — Je vous ai sous-estimé, vous êtes fort. l'interpella la voix du Rex depuis sa position. — Mais, pouvez-vous esquiver celle-ci ?

L'extrémité de son canon recommença à tournoyer alors que le mécanisme s’agençait pour lancer une nouvelle décharge, en cloche cette fois, qui devait logiquement atteindre sa tête.

Clic.

Le coup partit.