Je marche, comme à mon habitude, d’un pas anxieux et rapide. Je sais que si je ralentis, les fantômes qui me poursuivent me rattraperont et s’introduiront dans mes pensées.  Je ne pourrai alors plus réfléchir et j’aurai l’esprit constamment envahit d’une brume grisâtre et épaisse. Je n’ose pas non plus aller trop vite. Malgré le tapis épais de terre sous mes pattes, si j’avais le malheur de courir alors les esprits me localiseraient et ce serait la fin. Mais au final, est-ce que c’est vraiment grave ?...
Ma fuite m’a menée près du ruisseau. Personne ne pourra me trouver ici. Je suis protégée par le doux clapotis du cours d’eau. Je lape un peu d’eau fraîche puis soupir bruyamment. Après tout, je peux me le permettre. Je suis à l’abri. Et quand cette pensée me traverse l’esprit, je hume l’air à la recherche d’une odeur suspecte, simple reflexe. Il y a bien plusieurs effluves différentes, à commencer par celle de la nature, puis celles un peu anciennes de chats qui sont un jour venus ici. Mais il y en a une qui retient mon attention. Elle est bien trop faible pour que je puisse en dire quoi que ce soit, mis à part le fait qu’elle me parait plus récente que les autres. Je me force à contrôler ma respiration, qui s’est sensiblement accélérer. J’essaie de penser à autre chose, ou alors je tente de me raisonner.
Personne ne viendra, regarde les oiseaux et écoute-les chanter.
Je prends une grande inspiration, et je n’expire pas. Je laisse les gazouillis m’imprégner l’esprit de leur joie, le doux glougloutement des vagues me détendre et l’odeur de verdure nouvelle m’apaiser. Tout va bien. Je m’allonge sur une énorme pierre et me laisse dorer sous le soleil timide. Ma nuit a encore été trop courte, j’en profite donc pour me reposer.  Alors que je ferme les yeux, une odeur forte m’assaillie. Je me relève d’un bond tout en me maudissant d’avoir baissé ma garde. Un chat se trouve tout près, peut-être m’a-t’il  vu me prélasser au bord de ce fichu ruisseau. L’eau n’est même pas belle, en plus.  Je scrute les alentours, et je finis par apercevoir un mouvement non loin de là.

Après ma rencontre avec ma soeur cachée, Arrow, la veille même, je me sentais léger. Pour tout vous dire, j'avais envie de rester avec elle. C'était ma soeur après tout. J'avais envie de lui dire à quel point elle m'avait manquer, de lui raconter tout ce qui s'était passer lorsque je n'était pas avec elle. De lui montrer mon pouvoir, de me promener avec elle, de la consoler lorsqu'elle n'allait pas très bien, de lui confier tout mes secrets, même les plus secrets de tout mes secrets. Je voulais tout faire avec elle. Parce que c'était ma soeur et que cela fait un peu moins de quatre années que je ne l'avait pas vu, que je n'avais pas jouer avec elle ou même de m'être battre à ses côtés lorsqu'ils y avait des moments difficiles. Je regrette de ne pas l'avoir retrouver avant. Malheureusement on ne peut revenir en arrière. Et parfois je me dis que c'est bien dommage. Oui, vraiment dommage...

Mon coeur et mes pattes me portèrent au ruisseau. Cette endroit où mon âme peut se reposer et dormir calmement, sans avoir à me soucier des autres. C'est vraiment étrange. Depuis cet les retrouvailles avec Arrow, je me sentais... disons... calme, tranquille et zen. Avant j'étais presque hyperactif et j'avais envie de me battre très souvent. Je voulais m'entraîner à être le meilleur des soldats. Maintenant je n'avais pas le coeur à cela. J'étais encore très émus et chambouler par cet événement.

Enfin bref, j'arrivais à ma destination. Je relevai le menton. Tiens ? Encore un felinae ? Mais c'est qu'ils sont vraiment partout ceux-là ! Impossible de trouver un coin tranquille. Bon tant pis. Peut-être que ce chat voudra bien faire la causette après tout.

Je m'avançai et m'approchai doucement du félin. En plus c'est une femelle ! Je tombe toujours sur des femelles en ce moment. Pourtant, aujourd'hui je n'avais pas envie de draguer, contrairement à mon habitude. Je soupirai et lâchai:

"Salut"

Je sais, je n'avais absolument pas un ton n'était pas très galant mais comme je vous l'ai dit, je n'avais pas envie de draguer. J'espère juste qu'elle n'a pas mal pris mon ton légèrement désagréable.