Meet a angel… or a demon ?Feat Plume Noire & River Bien des jours s’étaient écoulés depuis que j’avais rencontré l’étrange félin lors d’une de mes pauses dans le désert, plus précisément à l’abri de la carcasse de l’oiseau de métal. Je commençais à entamer un petit voyage d’aller et retour entre l’Oasis, où je m’étais plus que correctement reposé et où l’ennui m’avait assailli, et la Forêt Empoisonnée, un des lieux que je chérissais le plus sur ces terres dévastées. En cours de route, et la fatigue arrivant, je me suis questionné sur le fait de retourner auprès de ces débris, au moins le temps de faire passer une crampe assaillant ma patte avant droite. C’est ainsi, avec hésitation, et toujours comme à mon habitude sous le clair de lune, permettant de voyager dans ces étendues de sables brulant sans trop d’inconfort et avec une certaine discrétion, que je m’arrêta près d’une sorte d’arc de cercle de fer particulièrement grand et rouillé, où de nombreuses ouvertures me permettaient de surveiller les environs avec facilité. Jusque-là dans mes pensées, la sordide voix de l’Autre résonna dans mon crâne, de ce ton éraillé et plus grave que la mienne, causant un mouvement d’agacement de mes oreilles vers l’arrière :
« Et si on essayais de surprendre ce sympathique félin masqué ? Il sera probablement fort surpris que ce soit lui qui subisse une attaque et non l’inverse. Oh et j’apprécierais drôlement pouvoir goûter cette chose visqueuse aussi noir que notre poil, sortant de ses orbites ! Crois-tu que l’on y retrouve les mêmes nuances salées que dans les larmes et le sang ? »Ses remarques étaient immanquablement accompagnées de son rire sombre, pouvant en effrayant plus d’un an, mais dont je répondais par une forte exaspération par habitude. Je fermai les yeux en me crispant, l’espace d’un instant, tandis que ce corbeau de malheur et de souffrance me renvoyait les souvenirs horribles mais qu’elle jugeait divertissant, dont nous avions été les observateurs, ou pire, et malheureusement plus souvent le cas, les acteurs. Je soufflais, dont les sons étaient presque à la limite floue du feulement. Tandis que je parcourais de nouveau mon regard d’émeraude sur l’étendue de sable, désormais glaciale, je sentis quelques minuscules seconde le picotement désagréable de mes yeux signalant les discrètes volutes couleur de sang, y apparaissant de façon fugace et trahissant la présence de mon autre personnalité.
Je clignai une dernière fois des yeux, avant de fixer mon regard sur une ombre lointaine à la démarcation féline, semblant m’avoir elle aussi remarquée. On pouvait apercevoir non loin d’elle, guère plus à quelques longueurs de queue, une bande d’horizon plus foncée encore que la nuit, qui, aujourd’hui était illuminée de milliards d’étoiles scintillantes. Cette zone d’autant plus obscure marquait l’orée de la Forêt Empoisonnée. Je remarquai que le vent envoyait mon odeur en sa direction, et qu’il m’avait probablement découvert ainsi. Mes oreilles se redressèrent afin de mieux percevoir de possibles bruits venant de ce chat. Une pointe de crainte au cœur, mais surtout de la méfiance, je décidai pour une fois d’aller à la rencontre de cet individu. J’en avais décidée ainsi, me souvenant du déroulement de cette précédente rencontre passée à l’endroit où je me tenais en ce moment même, où ma presque fuite m’avait mis en bien mauvaise posture.
Je me mis donc à marcher en sa direction, sans lenteur ni hâte, ni ne voulant le héler de peur d’attirer quelque être peu recommandable qui m’aurait entendu. Mes chaînes scintillantes sous les rayons de l’astre lunaire me rendaient déjà assez visible, malgré mon pelage de jais me camouflant à merveille dans les ténèbres. Lorsque je fus assez près pour discerner correctement sa silhouette, me surplombant comme bien des félins, je me mis à la détailler, de mon regard froid et distant. Il s’agissait effectivement d’une femelle, aux nuances bleutés et dont les traits marquant étaient ses oreilles tombantes et sa queue semblable à celles des mammifères aquatiques si ce que m’avais raconté ma mère, il y fort longtemps il me semble et pourtant il y n’y a pas plus d’un an et quelques mois, étaient vrais. J’ouvris la gueule l’espace d’un instant, plus pour mieux percevoir les effluves qu’elle dégageait que pour parler, et la percevant comme étant une Felinae, me contenta d’un hochement de tête en signe de salutation après avoir refermé la gueule, n’osant pas engager la conversation. J’en ressentais presque comme une gêne, il s’agissait d’une des uniques fois où ce n’était pas l’autre qui venait vers moi, et je ne savais que dire. Peut-être cela se lisait-il son mon visage, mais je n’espère pas, tentant de garder mon quotidien masque dénué d’expression.
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Épicode.